Votre goût a servi de règle à mon ouvrage.
J’ai tenté les moyens d’acquérir son suffrage.
Vous voulez qu’on évite un soin trop curieux,
Et des vains ornements l’effort ambitieux ;
Je le veux comme vous : cet effort ne peut plaire.
Deux Mulets cheminaient ; l’un d’avoine chargé :
L’autre portant l’argent de la Gabelle.
Celui-ci glorieux d’une charge si belle,
N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
L’Aigle et le Chat-huant leurs querelles cessèrent ;
Et firent tant qu’ils s’embrassèrent.
L’un jura foi de Roi, l’autre foi de Hibou,
Qu’ils ne se goberaient leurs petits peu ni prou.
Tout est mystère dans l’Amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance :
Ce n’est pas l’ouvrage d’un jour
Que d’épuiser cette science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici :
L’Âne d’un jardinier se plaignait au Destin
De ce qu’on le faisait lever devant l’aurore.
« Les coqs, lui disait-il, ont beau chanter matin ;
Je suis plus matineux encore.
Un homme vit une Couleuvre.
Ah ! méchante, dit-il, je m’en vais faire une œuvre
Agréable à tout l’univers.
À ces mots l’animal pervers
(C’est le serpent que je veux dire,
Et non l’homme, on pourrait aisément s’y tromper.)
À ces mots le serpent se laissant attraper
Il ne se faut jamais moquer des misérables :
Car qui peut s’assurer d’être toujours heureux ?
Le sage Ésope dans ses fables
Nous en donne un exemple ou deux.
Celui qu’en ces vers je propose,