Le Villageois et le Serpent
Ésope conte qu’un manant,
Charitable autant que peu sage,
Un jour d’hiver se promenant
À l’entour de son héritage,
Aperçut un Serpent sur la neige étendu,
Transi, gelé, perclus, immobile rendu,
Ésope conte qu’un manant,
Charitable autant que peu sage,
Un jour d’hiver se promenant
À l’entour de son héritage,
Aperçut un Serpent sur la neige étendu,
Transi, gelé, perclus, immobile rendu,
Dans le cristal d’une fontaine
Un Cerf se mirant autrefois
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu’avecque peine
Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l’objet se perdre dans les eaux.
« Quelle proportion de mes pieds à ma tête !
Un fanfaron, amateur de la chasse,
Venant de perdre un chien de bonne race
Qu’il soupçonnait dans le corps d’un Lion,
Vit un berger. « Enseigne-moi, de grâce,
De mon voleur, lui dit-il, la maison,
Que de ce pas je me fasse raison. »
L’Âne d’un jardinier se plaignait au Destin
De ce qu’on le faisait lever devant l’aurore.
« Les coqs, lui disait-il, ont beau chanter matin ;
Je suis plus matineux encore.
En ce monde il se faut l’un l’autre secourir :
Si ton voisin vient à mourir,
C’est sur toi que le fardeau tombe.
Un Âne accompagnait un Cheval peu courtois,
Celui-ci ne portant que son simple harnois,
Et le pauvre baudet si chargé qu’il succombe.
Il pria le Cheval de l’aider quelque peu ;