La raison du plus fort est toujours la meilleure.
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Au fond d’un antre sauvage,
Un Satyre et ses enfants
Allaient manger leur potage
Et prendre l’écuelle aux dents.
On les eût vus sur la mousse
Lui, sa femme, et maint petit :
Dans le cristal d’une fontaine
Un Cerf se mirant autrefois
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu’avecque peine
Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l’objet se perdre dans les eaux.
« Quelle proportion de mes pieds à ma tête !
Je me suis souvent dit, voyant de quelle sorte
L'homme agit et qu'il se comporte
En mille occasions, comme les animaux :
Le Roi de ces gens-là n'a pas moins de défauts
Que ses sujets, et la nature
A mis dans chaque créature
Quelque grain d'une masse où puisent les esprits :
Un fanfaron, amateur de la chasse,
Venant de perdre un chien de bonne race
Qu’il soupçonnait dans le corps d’un Lion,
Vit un berger. « Enseigne-moi, de grâce,
De mon voleur, lui dit-il, la maison,
Que de ce pas je me fasse raison. »
C’était chez les Grecs un usage
Que sur la mer tous voyageurs
Menaient avec eux en voyage
Singes et chiens de bateleurs.
Un navire en cet équipage
Non loin d’Athènes fit naufrage,
Sans les dauphins tout eût péri.
À l'oeuvre on connaît l’Artisan.
Quelques rayons de miel sans maître se trouvèrent.
Des Frelons les réclamèrent.
Des Abeilles s’opposant,
Devant certaine Guêpe on traduisit la cause.
Un Homme n’ayant plus ni crédit, ni ressource,
Et logeant le diable en sa bourse,
C’est-à-dire n’y logeant rien,
S’imagina qu’il ferait bien
De se pendre, et finir lui-même sa misère,
Je ne vois point de créature
Se comporter modérément.
Il est certain tempérament
Que le Maître de la nature
Veut que l’on garde en tout. Le fait-on ? nullement :
Soit en bien, soit en mal, cela n’arrive guère,
Le blé, riche présent de la blonde Cérès,