L’Ours et les deux Compagnons
Deux compagnons pressés d’argent,
À leur voisin fourreur vendirent
La peau d’un Ours encore vivant,
Mais qu’ils tueraient bientôt ; du moins à ce qu’ils dirent.
Deux compagnons pressés d’argent,
À leur voisin fourreur vendirent
La peau d’un Ours encore vivant,
Mais qu’ils tueraient bientôt ; du moins à ce qu’ils dirent.
Jadis certain Mogol vit en songe un vizir
Aux Champs Élysiens possesseur d’un plaisir
Aussi pur qu’infini, tant en prix qu’en durée :
Le même songeur vit en une autre contrée
Un ermite entouré de feux,
Qui touchait de pitié même les malheureux.
Le cas parut étrange, et contre l’ordinaire :
Qui ne court après la Fortune ?
Je voudrais être en lieu d’où je pusse aisément
Contempler la foule importune
De ceux qui cherchent vainement
Lire la suite de la fable: L’Homme qui court après la Fortune et l’Homme qui l’attend dans son lit
La qualité d’Ambassadeur
Peut-elle s’abaisser à des contes vulgaires ?
Vous puis je offrir mes vers et leurs grâces légères ?
Il faut autant qu’on peut obliger tout le monde.
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
De cette vérité deux Fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde.
Entre les pattes d’un Lion,
Un Rat sortit de terre assez à l’étourdie.
Certain Renard gascon, d’autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des raisins mûrs apparemment,
La déesse Discorde ayant brouillé les Dieux,
Et fait un grand procès là-haut pour une pomme,
On la fit déloger des cieux.
Chez l’animal qu’on appelle homme
Le Lion, pour bien gouverner,
Voulant apprendre la morale,
Se fit, un beau jour, amener
Lire la suite de la fable: Le Lion, le Singe et les deux Ânes
Un Rat, hôte d’un champ, rat de peu de cervelle,
Des lares paternels un jour se trouva sou.
Il laisse là le champ, le grain, et la javelle,
Va courir le pays, abandonne son trou.
Sitôt qu’il fut hors de la case :
« Que le monde, dit-il, est grand et spacieux !
Certain Païen chez lui gardait un Dieu de bois,
De ces dieux qui sont sourds, bien qu’ayants des oreilles.
Le païen cependant s’en promettait merveilles.