Aux noces d’un tyran tout le peuple en liesse
Noyait son souci dans les pots.
Ésope seul trouvait que les gens étaient sots
De témoigner tant d’allégresse.
Le Soleil, disait-il, eut dessein autrefois
De songer à l’hyménée.
Le monde n’a jamais manqué de Charlatans.
Cette science de tout temps
Fut en Professeurs très fertile.
Tantôt l’un en Théâtre affronte l’Achéron :
Et l’autre affiche par la Ville
Qu’il est un Passe-Cicéron.
Il était une Vieille ayant deux chambrières :
Elles filaient si bien que les soeurs filandières
Ne faisaient que brouiller au prix de celles-ci.
La Vieille n’avait point de plus pressant souci
Que de distribuer aux Servantes leur tâche.
Quatre animaux divers, le Chat grippe-fromage,
Triste-oiseau le Hibou, ronge-maille le Rat,
Dame Belette au long corsage,
Toutes gens d’esprit scélérat,
Mars autrefois mit tout l’air en émeute.
Certain sujet fit naître la dispute
Chez les oiseaux ; non ceux que le Printemps
Mène à sa Cour, et qui, sous la feuillée,
Par leur exemple et leurs sons éclatants
Font que Vénus est en nous réveillée ;
Il est un Singe dans Paris
À qui l’on avait donné femme :
Singe en effet d’aucuns maris,
Il la battait. La pauvre dame
En a tant soupiré, qu’enfin elle n’est plus.
Leur fils se plaint d’étrange sorte,
Il éclate en cris superflus :
Je chante dans ces Vers les Filles de Minée,
Troupe aux arts de Pallas dès l’enfance adonnée,
Et de qui le travail fit entrer en courroux
Bacchus, à juste droit de ses honneurs jaloux.
Tout Dieu veut aux humains se faire reconnaître.
On ne voit point les champs répondre aux soins du Maître,